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Rédacteur professionnel ? Drôle de métier…

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Rédacteur professionnel ? Drôle de métier…

rédacteur professionnel

Une collègue s’affligeait dernièrement sur Viadeo de constater que le métier de rédacteur professionnel ne passionnait pas les foules… C’est sans doute vrai, comme pour tous les métiers de l’ombre. J’ai bien aimé son raisonnement. Et j’ai aussi bien apprécié de le mettre en regard d’une certaine expérience dans ce domaine… (Ceci est un billet d’humeur…)

Rédacteur professionnel… C’est un métier ???

En confiant, dans le cadre d’une discussion courante, que son métier est rédacteur professionnel, Claire a tendance à provoquer des flops. En effet, nul ne réagit ni ne cherche à approfondir la question. Certes, il est sans doute plus brillant d’annoncer que l’on est chirurgien spécialiste du cerveau ou ingénieur dans l’aérospatiale, mais tout de même, pourquoi diable cette collection de « fours » entre la poire et le fromage ?

Elle ajoute : un rédacteur professionnel « travaille dans le domaine de la communication, et valorise par sa plume le savoir-faire de son client. Entreprise ou collectivité, lait de chèvre ou TGV, journal municipal ou site internet, toute structure a besoin de faire connaître ses activités, quels que soient son “produit” et le support. Et c’est bien pour ça d’ailleurs que notre métier est passionnant. Toute la journée, nous faisons le grand écart entre différents sujets. »

“On ne rédige pas un site internet comme un rapport d’activité ! »

En bonne passionnée par son métier, elle enfonce le clou : « On ne rédige pas un site internet comme un rapport d’activité, un journal de communication interne destiné à des salariés comme un mailing pour vendre du vin. Par contre, les constantes sont là : orthographe, syntaxe, mots percutants, respect des valeurs de la marque, régularité et rapidité. Cela semble faire beaucoup, mais parole, nous on assure dans tous ces domaines ! »

Et elle a parfaitement raison. Le rédacteur professionnel « assure ». Et assume dans l’ombre du grand public toute cette production de mots, de concepts, de science avec conscience sans ruine de l’âme. Le rédacteur professionnel ne joue pas à l’auteur : il est professionnel avant tout.

J’ai répondu à Claire que le métier de rédacteur devrait bien vite regagner toutes ses lettres de noblesse : s’il est le deuxième plus vieux métier du monde, ce n’est sans aucun doute pas demain qu’il deviendra le dernier, surtout notamment avec l’émergence du content marketing.

Dans l’âme du rédacteur professionnel : les mystères de l’humanité à écrire

Un rédacteur professionnel doit toujours écrire son texte avec âme, tant il est vrai qu’un texte écrit dans la joie sera lu dans la joie. Toujours ? Eh bien non : une autre récente discussion avec un collègue a démenti ce que je pensais pourtant être cette règle indétrônable.

Ce malheureux collègue travaillait sur un texte mettant en valeur des offres de pompes funèbres en ligne. Il faut bien que quelqu’un écrive les argumentaires…

« Voici qui est un marché qui ne connaît pas la crise, me disait-il, même si la mort dans notre société est particulièrement taboue. Si pour vivre heureux, vivons cachés, eh bien pour mourir, il faut se cacher encore plus. Et notamment derrière les mots. »

Périphrases, codes culturels et tout ce genre de choses

Dans ce douloureux secteur plus qu’ailleurs, un certain nombre de codes doivent impérativement être respectés sous peine de se faire retoquer avec force et vigueur par le client (celui qui vend les tombes. Pas l’autre, l’utilisateur…) !

Comment parler de l’univers de la mort sans prononcer le mot « mort » ? Il faut user de trésors de périphrases pour exprimer la substance du sujet. « Dernier voyage », « obsèques » sont préférés à « Décès », utilisé en dernier ressort. Un « défunt » est un « cher disparu ». Et ce n’est pas seulement une question de respect pour les familles. Nous sommes ici au cœur de l’inconscient collectif exprimé par Jung. La mort donne le sens de toute chose, mais il faut se plier à son tabou social. Le rédacteur professionnel n’est pas ici pour faire de la métaphysique. Il doit lisser, ouater, recueillir, banaliser.

Dès lors, proclamer que le rédacteur professionnel possède une fonction sociale n’est pas du tout absurde. Et affirmer qu’il s’agit bel et bien d’un métier à part entière non plus…

Objectif rédactionnel : commercial ?…

Mais, me disait ce rédacteur ami, le problème, c’est que toutes les entreprises de pompes funèbres possèdent un discours marketing excessivement proche. Peu différenciant. Et donc, le consommateur a toutes les peines du monde pour faire un choix éclairé. De fait, ce sont les arguments économiques et commerciaux mis en avant, tout comme les spécificités des services, qui permettent de faire ce choix. Et en aucun cas une ligne éditoriale, aussi élaborée fût-elle. Celle-ci est trop codifiée pour admettre la moindre fantaisie. Écrire sur la mort, c’est nécessairement se fondre dans un consensus des plus lisses.

Cette neutralité commerciale est très surprenante. Car elle va à l’encontre des pratiques de 99 % des autres secteurs de marché. Une bonne plume professionnelle saura en saisir toutes les nuances. Un peu à la manière d’un chirurgien préoccupé par l’esthétique de sa suture après une lourde opération à cœur ouvert. C’est ici que l’on voit, ainsi, que rédacteur professionnel est bien un métier d’expertise.

Le rédacteur professionnel : aussi clinique que son sujet

Les descriptifs de produits et de services dans ce secteur sont dès lors assez cliniques. Pas une virgule ne doit transmettre une émotion perçue comme surjouée. Fausse. Contre-productive.

Il s’agit aussi de devenir en même temps expert en stèles, semelles, tombales, socles et soubassements. Tout en décrivant la nature des pierres avec le moins d’adjectifs possible. Non, un marbre du Labrador n’est pas rutilant ni irisé : il est classique et sobre. Non, ce granit rose laurier n’est pas festif, il est conseillé pour rendre le meilleur hommage tout particulièrement à la chère disparue, excepté en Bretagne.

Profitez d’ailleurs des précieux conseils que j’ai ainsi appris : préférez acheter français, car les granits gris ne peuvent décevoir. Et songez aux urnes intégrées comme ces jardinières à la tombale arrondie sur les quatre côtés, c’est pratique et moins cher que l’achat supplémentaire du vase carré granit à quatre chanfreins qui peut se fendre avec les hivers rigoureux. Et l’entretien est plus facile. À ce propos, le granit est lui sans aucun entretien. Alors que la pierre est sinon fort poreuse : elle prend la poussière et noircit avec le temps. Il vaut donc mieux mettre un peu plus d’argent tout de suite si on souhaite que la dernière demeure défie le temps, ce qui est notamment le cas des caveaux familiaux.

Rédacteur professionnel, universel et sans cynisme

En revanche, mon ami rédacteur m’a aussi fait remarquer que la petite touche de décoration sur la plaque commémorative est bienvenue en 2017. Surtout qu’avec la technologie actuelle, cette dernière peut être personnalisée à l’infini. Portrait du cher défunt, poème, dessins, tout est possible, l’imagination est la seule limite.

Les cercueils eux-mêmes sont en pleine évolution technique. Ils connaissent certaines modes reflétant notre temps. Terminés les parisiens ou les lyonnais, certes classiques, mais tellement surannés. Optez pour la jacinthe d’eau ou l’herbe marine tressée pour un geste de développement durable alliant écologie et économie. Ou pour un modèle américain, avec son ouverture possible aux 3/4 pour un dernier hommage particulièrement apprécié dans certaines familles.

Je suis bien sûr ressorti de cet échange un peu sidéré. En plus d’avoir confirmé que le métier de rédacteur professionnel est particulièrement universel, je me suis rendu compte qu’il y avait de nos jours de moins en moins de métaphysique ou de poésie dans les textes marketing. J’ignore si finalement, cela m’a angoissé ou détendu… Détendu, parce que le métier n’est pas mort. Angoissé, parce que la plume se plie au temps. C’est bien qu’elle évolue. Mais ne doit-elle pas rester avant tout un peu humaine ?…